15.1.11

Naseeruddin Shah : une retrospective (partie 2)


(Le début des aventures de Naseer peut être consulté ici.)

1983 : Jaane Bhi Do Yaaro, Kundan Shah
Le film : Vinod et Sudhir tiennent un studio photo déserté par les clients. Quand une journaliste leur demande de l'aider à dénoncer une affaire de corruption, ils sautent sur l'occasion. Mais rien ne se passe comme prévu, et nos deux héros finissent par se retrouver avec un cadavre très convoité sur les bras.
Comédie noire sur le thème de la corruption, Jaan bhi do yaaron choisit moins la voie attendue de la satire que celle du slapstick et du gag absurde. Globalement tréussi, le film culmine dans une incroyable chasse au cadavre qui conduit Sudhir, Vinod et leur dizaine de poursuivants au beau milieu d'une représentation de la partie de dés du Mahabharata, si peu dynamique que même les acteurs s'endorment. La confusion qui s'ensuit donne lieu a ce qui est certainement la meilleure séquence de comédie du cinéma indien.

Pas de sous-titres, désolée :-(

Le rôle de Naseer : De son propre aveux, Naseeruddin Shah, plus habitué aux rôles dramatiques et intenses, a eu du mal à comprendre l'esprit du film, et trouvait parfaitement ridicules certains gags. Ravi Baswani (dans le rôle de Sudhir) lui fait un peu d'ombre, mais c'est un plaisir de le voir dans un rôle différent !
(sur le sujet, on peut voir le ces interviews des personnes ayant participé au film ou lire cet article)

A voir ou pas ? A voir absolument !

1984 : Paar (La Traversée), de Goutam Ghose


Une superbe affiche

(Plein de spoilers.)
Le film : Des hommes en jeep arrivent dans un village de dalits du Bihar et mettent le feu aux habitations. Naurangia et sa femme (Naseer et Shabana) parviennent à s'enfuir . On comprend que ces évènements sont liés à une série de meurtres : d'abord celui de l'instituteur progressiste du village, puis, en représailles, celui du frère du zamindar. Impliqué dans ce dernier meurtre, Naurangia part à Calcutta avec son épouse enceinte, mais ne parvient pas à trouver de travail. Lorsqu'enfin quelqu'un les emploie, c'est pour faire traverser le fleuve à un troupeau de porc, tâche épuisante et périlleuse. Cette dernière partie fait beaucoup penser par son sujet à Sadgati de Satyajit Ray.
On remarque avant tout la volonté de réalisme des auteurs de ce films, et notamment dans la langue que parlent les personnages, très éloignée du hindi que l'on entend en général dans les films. Ce qui doit vous amener à prendre ma critique avec des pincettes : j'ai vu le film sans sous-titres, et clairement je n'ai pas compris une bonne partie des dialogues. C'est très bien filmé, avec une ampleur assez rare dans ce genre de film : l'attaque du village est vraiment impressionnante. Et la traversée qui donne son titre au film est difficile à oublier. Le principal problème concerne la construction du scénario : il y a deux parties bien distinctes et pas de vraie dynamique qui les unissent.


Le rôle de Naseer lui a valu un de ses trois National Film Awards. Le rôle de Narangia constitue une rupture radicale par rapport aux personnages qu'il interprétait d'habitude.

A voir ou pas ? A voir.

1985 : Mirch Masala, de Ketan Mehta.


Le film : Un subedar vient collecter les impôts dans un petit village. Sonbai (Smita Patil), une des villageoises, lui plaît. Pour lui échapper elle se réfugie au milieu des piments que les femmes du village font sécher et réduisent en poudre. Le subedar demande alors au chef du village de la lui livrer. Le village se divise alors entre ceux qui veulent obéir (la grande majorité), et ceux qui prennent la défense de Sonbai : les autres femmes, le maître d'école, et le gardien de l'usine (Om Puri).
Le problème de ce genre d'histoires allégoriques est qu'on en a assez vite épuisé le sens, et que les personnages n'ont ici pas assez de chair pour être autre chose que des symboles.

Le rôle de Naseer ... comment dire... il joue le méchant d'une façon très cartoonesque, avec éclats de rire sardonique et colères impressionnantes. Il faut dire aussi que son personnage est très, très méchant. Pas beaucoup de nuances là-dedans...


...mais une belle moustache.


A voir ou pas ? On peut s'abstenir.

1985 : Khamosh, de Vidhu Vinod Chopra

Le film :Une actrice trouve la mort lors du tournage d'un film. On conclut au suicide. Arrive un inspecteur (Naseer), qui ne croit pas à cette thèse. Mais alors, qui l'a tuée ? Le producteur dont elle repoussait les avances ? Le frère de celui-ci, héroïnomane et obsédé par elle ? Une actrice qui lui disputait un rôle ? Shabana, qui est somnambule et pourrait bien l'avoir tuée pendant son sommeil ?
Khamosh est une enquête à la Agatha Christie très divertissante, qui ajoute à ce schéma très classique de film policier tout un jeu sur le rapport entre fiction et réalité. Le personnage joué par la victime était censé se suicider, mais la veille de sa mort le réalisateur avait demandé au scénariste de réécrire la scène pour en faire un meurtre. Et les acteurs qui jouent des acteurs ont tous gardé leur véritable nom. Le regard porté sur le cinéma commercial hindi est sans pitié : scénario qui change à la dernière minute, histoires ultra stéréotypées, et scène de viol racoleuse. Sans parler de l'ambiance meurtrière du tournage.

Le rôle de Naseer : Assez minimal. Son personnage sert surtout de révélateur, sans vraiment s'impliquer dans l'histoire.

A voir ou pas ? Pourquoi pas ?


La suite bientôt !

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