7.8.09

L'Adversaire (Pratidwandi) - bengali, 1972

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L’adversaire, c’est Siddharta, jeune homme de Calcutta, à l’aube de la vie active, qui hésite, qui se trompe, en constante lutte avec celui qu’il aurait voulu devenir et qu’il ne pourra pas être.


Médecin, voilà ce qu’il aurait dû devenir, si son père en mourant ne l’avait pas contraint à prendre en charge sa famille, lui, le fils aîné. Il a donc interrompu ses études pour trouver un travail. Sans succès. C’est sa sœur – quelle honte ! - qui fait vivre la fratrie et leur mère. Sa sœur qui fait des heures supplémentaires, et qu’on vient accuser de séduire son patron. Siddharta lui ferait bien la peau, à celui-là, mais il n’ose même pas lui dire ce qu’il pense. C’est en rêve qu’il se venge, dans une séquence inspirée par le cinéma de Bombay, où ce que désire le personnage est d’abord présenté comme ayant réellement eu lieu, avant un brusque retour à la réalité. Il a souvent ce genre d’hallucinations, Siddharta. Des bouts de cours d’anatomie lui reviennent de façon cocasse quand il croise une jolie passante.


Car il a du mal à oublier le passé, le temps heureux de son enfance, bercé par le chant si mélodieux d’un oiseau dont il ignore le nom. Dur d’oublier aussi l’avenir qu’il se promettait. Les jobs qu’on lui propose ne l’enchantent guère. On se demande même parfois s’il cherche vraiment à être embauché, à voir la façon dont il échoue à son premier entretien. Il y a bien cette vieille connaissance qui lui propose un travail pas trop mauvais, mais c’est loin de Calcutta, loin de sa famille. Et Siddharta hésite, pendant tout le film.


Bien sûr Calcutta, ce n’est pas parfait. La chaleur y est étouffante. Et il y a ces bombes qui explosent de temps à autre. Mais il y est habitué. Le spectateur européen ne trouvera pas d'exotisme ici. Satyajit Ray dépeint la capitale du Bengale comme n’importe quelle grande ville de cette époque, vue à travers ses transports en commun, ses cinémas, ses rues bourgeoises ou ses appartements miteux. On est loin du décor rural et traditionnel de La Complainte du sentier ou du Salon de musique.


Siddharta n’a pas très envie de quitter le nid. Mais il faut trouver un emploi. Ce n’est pas son petit frère, encore étudiant, qui va nourrir la famille. Aura-t-il jamais un travail, celui-là. Il revient tous les soirs blessé, il veut convaincre son aîné de la nécessité de la lutte armée, pour renverser le capitalisme, pour changer ce système dans lequel Siddharta cherche à s'intégrer. Mais ce n’est pas sa voie, l'action violente. Oh, son cœur bat bien à gauche : lors de ce premier entretien, si désastreux, il cite la résistance des Vietnamiens face à l’armée américaine comme l’événement le plus important des vingt dernières années – ce qui lui coûte le job. Son problème, c’est plutôt l’action. La prise de décision. L’engagement.

Ne lisez pas ce paragraphe si vous avez peur des méchants spoilers :

Mais Siddharta va bien devoir grandir. Accepter que la vie ne soit pas comme il la rêvait. Mais pas se résigner, non. Au contraire, c’est sa révolte, sa colère mémorable lors de l’attente interminable, en pleine chaleur, pour un deuxième (et dernier) entretien, qui marque son passage à l’âge adulte. Il quittera Calcutta, alors même qu’il venait de trouver, en la personne d’une belle jeune femme, une bonne raison d’y rester. Une attache choisie, cette fois-ci. Mais ce départ n’est pas une séparation définitive. Il lui écrit. Pour lui dire que la campagne est belle, et qu’il a enfin retrouvé l’oiseau de son enfance.





réalisé par Satyajit Ray,
avec Dhritiman Chatterjee, Krishna Bose, Indira Devi, Kalyan Chowdhury, Joysree Roy, Debraj Roy, Sefali
DVD Films Sans Frontières, sous-titré français, disponible dans tous les bons magasins.



A voir absolument.

5.8.09

Sita chante le blues le 12 août

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Le remarquable film d'animation de Nina Paley, dont j'avais déjà eu l'occasion de parler, sort au cinéma en France, le 12 août donc. Pour les amateurs de jazz, de mythologie, et de films d'animation surprenants.



bande-annonce :

4.8.09

Meilleur chanteur contemporain - finale !

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Les résultats du tour précédent :


Finale qui oppose Udit Narayan, Sukhwinder Singh, et l'outsider A.R. Rahman, plus connu comme compositeur que comme chanteur.
C'est le moment ou jamais de faire connaître vos chansons préférées des trois candidats !

Ma sélection, qui vient s'ajouter aux chansons déjà proposées pour les tours précédents :

A.R. Rahman : Antha Arabic Kadaloram - Bombay
Sukhwinder Singh : Jai Ho (Slumdog Millionaire), peut-être pas la meilleure chanson, mais une belle interprétation.
Udit Narayan : Ahista Ahista, de Swades.

Vous pouvez retrouver les précédentes playlists ici.