2.9.06

Devdas (2002)


Première critique sur un film assez bien connu ici, peut-être parce qu'il a été présenté à Cannes en 2002, plus probablement parce que la somptuosité des décors et des costumes ainsi que la beauté des danses et des chants forcent l'admiration.
Devdas fait partie des tous premiers films indiens que j'ai découvert.s Il m'a fait un vrai choc, qu'exprime cette critique. Aujourd'hui je l'ai revu plusieurs fois, et je suis plus sensible aux défauts du film que je ne l'été lors de la rédaction de cet article.



Devdas, réalisé par Sanjay Leela Bhansali, est une adaptation du roman le plus lu en Inde, publié au debut du XXème siècle et déjà adapté une dizaine de fois au cinéma. Paro (Ashwarya Rai) et Devdas (Shah Rukh Khan) s'aime depuis l'enfance, mais la famille du jeune homme s'oppose à leur union. Celui-ci s'enfuit alors et trouve refuge auprès de la courtisane Chandramukhi, tandis que Paro est mariée à un riche aristocrate.


La qualité de ce genre de film tient avant tout aux musiques et aux danses. Celles de Devdas, fortement inspirées par la danse classique indienne, sont exceptionnelles et s'insèrent parfaitement dans le récit. Ces chorégraphies (qui mettent en scène, à plusieurs reprises, des mythes renvoyant à l'histoire vécue par Paro et Devdas) sont pour les protagonistes le seul moyen d'exprimer leurs sentiments, ce qui n'est pas sans conséquence sur le déroulement de l'histoire : la danse de Sumitra, comme celle de Paro et de Chandramukhi, provoque une catastrophe.
C'est peut-être parce que les morceaux musicaux ne sont donc pas réduits, comme souvent, à une simple fonction décorative que les trois personages principaux ont une vraie consistance.

Shah Rukh Khan incarne ainsi très bien Devdas, jeune homme extrèmement attachant dans son désir de pureté et d'amour, mais conduit par son immaturité d'enfant gâté à blesser à la fois sa famille et les deux femmes qui l'aiment.

Une scène illustre bien son caractère : après avoir abandonné Paro, Devdas se rend compte de son erreur et retourne la voir le jour même du mariage de celle-ci, pour lui demander avec aplomb de s'enfuir avec lui, comme s'il était évident, puisqu'il l'aime, qu'elle ne peut que lui appartenir, sans réaliser qu'elle a elle aussi un honneur à défendre.

Le fait que certains personnages secondaires soient très stéréotypés (Kumud, la méchante belle-soeur, évoque une sorcière de Walt Disney) n'empêche absolument pas d'adhérer à l'histoire, et renforce même au contraire sa dimension mythique et universelle.

On sort de ce film ébloui par la beauté des images où le rouge et l'or cèdent peu à peu la place au blanc du deuil à mesure que Devdas sombre dans l'auto-destruction. Le bleu profond de la nuit dans laquelle Paro, sur la terasse de son palais, pressent le retour imminent de Devdas fait écho à la première nuit du film, lorsque celui-ci voit pour la première fois le visage de sa bien-aimée.


Devdas est donc un film splendide, très prenant et accessible, une très bonne introduction à l'univers de Bollywood.



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